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Probablement d’origine portugaise, Francisco Correa de Arauxo, l’un des plus grands organistes espagnols du XVIIe siècle, est l’un des illustres représentants de ce fameux « Siècle d’or » (el siglo de oro) espagnol. Musicien de transition entre la Renaissance et le baroque, il est né en 1583 ou 1584. Compositeur et théoricien, ordonné prêtre en 1608, il reçoit son éducation musicale à Séville et débute en 1592 comme organiste de la deuxième église de la ville, San Salvador, avant de prendre en 1636 le chemin de l’Andalousie et d’obtenir le poste d’organiste de la cathédrale de Jaén. En 1640, on le trouve titulaire des orgues de la cathédrale de Ségovie où il restera jusqu’en 1654, date de sa mort, et c’est dans cette cathédrale, dernière grande construction gothique espagnole, qu’il a été enseveli. On ne lui connaît qu’un ouvrage paru en 1626 sous le titre de Libro de tientos y discursos de música práctica y theórica de órgano intitulado Facultad orgánica réunissant soixante-neuf compositions pour orgue en tablature chiffrée, dont soixante-deux tientos dans lesquels il s’émancipe progressivement du système modal. Introduit par un long avertissement où l’auteur traite notamment du doigter, du toucher, de la virtuosité, des dissonances, du chromatisme, de l’ornementation, ce livre, comme l’indique son titre, est à la fois un recueil de pièces d’orgue de difficulté variée et progressive, sans destination liturgique précise, et un ouvrage théorique. Correa de Arauxo recommande d’ailleurs de lire sa préface avant de jouer les tientos dont il tient à expliquer la forme avec précision, chacun étant accompagné de son propre commentaire.
Le tiento est une des formes les plus employées par les musiciens espagnols du XVIe siècle et du début du XVIIe, Antonio de Cabezón (1510-1566) s’étant imposé comme le premier grand compositeur de tientos pour orgue. En 1535, le vihueliste espagnol Luis Milán précisait que le tiento, proche du ricercar italien ou même de la toccata, était une forme destinée à essayer l’instrument : le mot viendrait de l’espagnol tentar ou du latin tentare (essayer, expérimenter). La plupart des tientos rassemblés par Francisco Correa de Arauxo dans Facultad orgánica sont des tientos de medio registro, en référence à certaines caractéristiques de l’orgue ibérique du XVIIe siècle dont le clavier unique était divisé en son milieu au niveau du do en deux registres égaux, technique simple et ingénieuse qui permettait de registrer indépendamment le dessus et la basse de l’instrument.