Pour Alia Mens (l’autre esprit), s’agissant de Jean-Sébastien Bach, la barre est plutôt très élevée. Après s’être pour nous dévoilé dans un programme suivi d’un cd récemment paru (Cantates de Weimar, édité par PARATY, CLIC de classiquenews de mai 2017), intitulé “La Cité Céleste”, lui-même créé, rodé dans le cadre de son année 1 à Musique et Mémoire, Alia Mens confirme lors des deux concerts présentés en création cet été (29 puis 30 juillet 2017), une évidente compréhension naturelle et organique de la musique du Cantor de Leipzig. A la justesse de l’interprétation, en une profondeur grave inédite, se joint l’intelligence dans la conception même de chaque programme.
CONCERTOS EN URGENCE… Même sentiment et confirmation des affinités entre le chef d’Alia Mens et les univers en constellation d’un Bach universel et génial, la seconde soirée, celle du dimanche 30 juillet 2017, réactive les mêmes arguments et qualités expressives mais dans le registre profane et concertant. D’aucun pensent les Brandebourgeois (ici n°1 et 3) pour des œuvres rien que virtuoses et rythmiquement palpitantes, en réalité il y croît toute une activité souterraine, organiquement harmonieuse, secrètement éloquente dont Olivier Spilmont semble détenir le sens profond et caché. Toute sa direction tend vers ce geste prophétique d’une pensée incarnée dont la direction et le regard sont en connexion avec les sphères. Il y a du Promothée dans ce geste de bâtisseur et de poète qui relit Bach comme personne aujourd’hui.