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Dès les premières étapes du projet de cette œuvre, dont la destination initiale était de célébrer le huit-centième anniversaire de la Paroisse Notre-Dame de la Chapelle, remontant ainsi aux prémices de l’histoire d’une des plus importantes églises gothiques de Bruxelles, il nous est d’emblée apparu essentiel d’évoquer musicalement l’époque concernée et de la confronter sur le plan des pratiques musicales à la nôtre. C’est pourquoi nous nous sommes mis à la recherche de manuscrits grégoriens pouvant nous transmettre les sources musicales de liturgies qui auraient pu être chantées au début du XIIIe siècle dans ce lieu précis, l’église Notre-Dame de la Chapelle. Puisque celle-ci était rattachée au diocèse de Cambrai, nos recherches nous ont naturellement conduits à la bibliothèque municipale de cette ville. Notre choix s’est fixé sur les Premières Vêpres de l’Assomption, telles qu’elles se trouvent dans l’Antiphonarium ad usum Cameracensis ecclesiae (1235-1245).

Le titre, Tota pulchra es, amica mea , est tiré de la première antienne de cet office, dont le texte provient d’un fragment du Cantique des Cantiques (4,7). La suite du manuscrit nous transmet la série complète des antiennes et hymnes prévus pour cet office et indique les références des psaumes associés à ces antiennes. Toutes ces pièces de plain-chant ont été utilisées dans la version particulière de ce document ancien pour constituer la première partie du concert.

Mais ce matériel musical ne pouvait pas être utilisé sans trouver une solution pour l’intégrer à l’ensemble. Pour répondre à cette nécessité, deux opérations ont été effectuées. La première a consisté en l’ajout d’une seconde voix pour les psaumes et le répons à la manière de polyphonies « historiques », évoquant les pratiques de l’organa et du déchant. Mais c’est surtout l’intercalation de brèves pièces électroniques, basées sur le son de la cloche principale de l’église de la Chapelle, qui donne un lien perceptible à travers toute l’œuvre. Commençant par un appel naturaliste qui s’enchaîne à un premier organum, ces préludes électroniques évoluent sensiblement sur une sorte de développement spectral du son de cette cloche tout en introduisant ou commentant les textes chantés.