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La reine Hortense, compositrice et son temps

Si l’histoire musicale a choisi la fameuse trinité viennoise « Haydn, Mozart, Beethoven » comme incarnation de la musique classique, un retour sur les acteurs culturels historiques en ce début du XIXᵉ siècle place nécessairement au centre la cour napoléonienne dont les goûts forgeaient l’esthétique du premier romantisme français, aujourd’hui peu connue du public. La reine Hortense, fille de l’impératrice Joséphine, épouse de Louis Bonaparte, mère du futur Napoléon III, a contribué par ses propres talents de compositrice – près de 150 romances – et comme mécène des arts aux côtés de Joséphine, à soutenir cette singularité. Les salons du Château de Malmaison en furent le lieu d’élection qu’elle chercha à reconstituer au Château d’Arenenberg après son exil de France à la chute de l’Empire.

Ce disque – enregistré lors du 2ᵉ Festival de Pentecôte à Malmaison – est né du partenariat culturel entre le Musée national des Châteaux de Malmaison et de Bois-Préau et La Nouvelle Athènes – Centre des pianos romantiques. Il vous invite à découvrir les romances d’Hortense alors très à la mode, les compositeurs appréciés de la cour – Louis Adam, Jan Ladislav Dussek, Giovanni Paisiello, Ferdinando Paer ou Vincenzo Bellini… – et d’autres qui s’inspirèrent des romances d’Hortense tel Franz Schubert.

Sortir de l’oubli des pièces du répertoire de l’époque du Consulat et de l’Empire et les donner à entendre par des musiciens historiquement informés sur des instruments d’époque dans un lieu historique comme Malmaison, dans les conditions mêmes du développement de cette musique de salon, est bien une expérience globale offerte au visiteur. Elle procède de cette même intention d’authenticité que celle à l’origine des remeublements historiques.

C’est bien en cela que résident l’originalité et la spécificité du partenariat musical qui lie La Nouvelle Athènes au Château de Malmaison. Sur des instruments de l’époque – piano Érard 1806, harpe Naderman 1815, piano Rosenberger 1825, guitare Fabricatore 1827 –, les artistes de La Nouvelle Athènes s’attachent à faire revivre ces romances d’apparence simple mais dont l’exécution invite à mobiliser toute une connaissance de l’ornementation, de l’art du rubato et de l’art de varier les accompagnements qui leur donne tout leur attrait musical aujourd’hui.

Sylvie Brély, directrice de La Nouvelle Athènes • Élisabeth Caude, conservatrice générale, directrice du Musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau