Dans le calme de sa datcha de Joukovka, loin du tumulte de la ville, Dimitri Chostakovitch compose en 1975 son ultime œuvre, la Sonate pour alto et piano opus 147. Cet endroit est son refuge, le lieu où ses pensées prennent forme, où chaque note devient une confidence. Mais cette œuvre n’est pas seulement un testament musical, c’est aussi un cadeau, une preuve de fraternité. Il l’adresse à l’altiste Fiodor Droujinine, son ami et interprète fidèle, membre du quatuor Beethoven, avec lequel il a créé ses quatuors à partir du dixième. Entre eux, il ne s’agit pas seulement d’une collaboration, mais d’une confiance absolue, d’un dialogue d’âme à âme où la musique devient langage.
C’est cette datcha, à la fois intime et intemporelle, que nous avons voulu évoquer à travers ce disque ; un lieu où Chostakovitch a offert ses dernières notes à son ami, où la musique a scellé une fraternité indéfectible.
Aux côtés de la Sonate, nous avons rassemblé des œuvres qui, chacune à leur manière, tissent le fil de cette histoire. L’Impromptu, récemment redécouvert, dévoile une autre facette du compositeur, tandis que Fratres d’Arvo Pärt fait résonner une méditation intemporelle. La création de Jean-Paul Dessy, DSCH, rend un hommage vibrant à l’empreinte indélébile du maître, tandis que Cette colline d’Anne Martin célèbre la mémoire et l’héritage de Fiodor Droujinine.
« La datcha de Chosta », c’est ce lieu de rencontres sincères, où la musique se partage, se transmet et se vit. Là où Chostakovitch a légué un héritage monumental, Droujinine a su en révéler l’intimité. En tant qu’altiste d’exception, trop longtemps oublié, il a fait retentir l’écho de cette ultime sonate ; à nous de continuer, en faisant résonner chaque note comme un ultimatum contre l’oubli.