L’Anonyme Parisien

Presse

La Voix du Nord 31/10/2016

Cet album est un double plaisir. Tout d’abord celui de découvrir de talentueux jeunes musiciens, complices d’un disque fort audacieux. Car le plaisir est surtout de découvrir un musicien totalement inconnu mais profondément attachant. Charles Dollé fut sans doute élève de l’illustre Marin Marais à qui il dédie un bouleversant « Tombeau pour Marais le Père ». Sa musique, intense, chantante, dansante se devait d’être exhumée, ici avec grand talent. Pour tout amateur de musique baroque la découverte sera passionnante. J.-M. P.

ON Magazine 03/11/2016

Charles Dollé dans le domaine de la viole de gambe avait été largement précédé par de grands maîtres tels que Sainte-Colombe, Marin Marais, Antoine Forqueray ou Caix d’Hervelois et assumait ainsi la continuité d’un genre appelé à disparaître définitivement. La Ière Suite en sol majeur qui débute ce recueil se constitue d’abord d’un Prélude d’une gravité presque douloureuse qui sera heureusement suivi d’une quatrième pièce d’un caractère nettement plus enjoué : le Rondeau Le Gruer qui adoptera un style presque dansant se maintenant jusqu’à la pièce finale La Badine. La IIe Suite composée dans la sombre tonalité d’ut mineur, débute elle aussi par un Prélude triste et agité, mais va vite céder la place quelques pièces plus loin à une pièce au caractère nettement plus joyeux : Les Amusements. Mais la septième pièce de cette IIe Suite en ut mineur, nous plonge dans la douleur et l’affliction puisqu’il s’agit du Tombeau de Marais le Père, qui nous confirme que Charles Dollé fut certainement son élève, justifiant ainsi cette élégie composée à sa mémoire. Il serait d’ailleurs opportun de rappeler que Marin Marais fut précisément un auteur de Tombeaux célèbres comme celui du Tombeau de Monsieur de Sainte-Colombe et du Tombeau pour Monsieur de Lully. Cette IIe Suite, prend fin sur un ton nettement moins lugubre avec un Rondeau la Weymar. La IIIe Suite en la majeur pour viole de gambe avec la basse continue, qui termine ce CD, débute elle aussi par un Prélude moins austère que celui des Suites I et II et en rajoute dans la franche gaieté avec un Tambourin irrésistible et entraînant. Décidément peu disposé à céder à la tristesse, Charles Dollé va conclure avec un Carillon n’invitant guère à la mélancolie. Robin Pharo, viole de gambe et direction nous restitue avec beaucoup d’exigence et de conviction ces Trois Suites pour viole de gambe et la basse continue d’un compositeur totalement oublié : Charles Dollé dont le seul tort fut de n’avoir jamais occupé une fonction officielle chez le Roi. Remercions donc Robin Pharo d’avoir tiré d’un anonymat injuste un excellent compositeur, héritier de l’Ecole française de viole de gambe du XVIIe siècle dont il se montre un fidèle quoique tardif continuateur. Saluons aussi les musiciens qui forment le Continuo : Ronald Martin Alonso, viole de gambe, Thibaut Roussel, théorbe et guitare baroque, Loris Barrucand, orgue et Ronan Khalil, clavecin. Une très belle découverte ! Michel Jakubowicz