Pour moi, harpiste spécialisé en harpe dite « de dos órdenes », une harpe ibérique à deux rangées de cordes croisées, la réalisation de ce disque que vous tenez aujourd’hui entre vos mains, marque l’aboutissement d’un projet de vie. Le nom de Diego Fernández de Huete, je l’entendis déjà mentionner par ma professeure, Nuria Llopis, lors de ma toute première leçon de harpe « de dos órdenes », au début des années 1990. La première pièce que j’eus à travailler en tant qu’étudiant fut précisément la gaita (« cornemuse »), qui figure à la plage 17 de ce disque, et, à partir de ce moment, la musique de Huete allait devoir m’accompagner, aussi bien dans mes années de formation que dans les récitals que j’aurais à donner par la suite, récitals au cours desquels je ne manque jamais de proposer des œuvres de ce compositeur.
La figure de Diego Fernández de Huete est étroitement liée à la ville de Tolède et à sa cathédrale, où il servit en qualité de harpiste de sa chapelle musicale, de 1681 à 1710. Il consacrera toute sa vie à l’instrument, tout en exerçant, dans le même temps, comme organiste – les deux instruments, la harpe et l’orgue, entretenant une relation très étroite, et partageant une histoire commune, du fait que de nombreux organistes étaient également harpistes, et vice-versa. Lorsque Huete décide de publier son chef-d’œuvre, le Compendio numeroso, il a déjà une longue expérience de harpiste derrière lui ; ses plus de 30 ans d’études et de métier lui conférant une certaine autorité pour transmettre toutes ses connaissances et son savoir-faire.