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Peeter Cornet est organiste de la chapelle des archiducs Albert et Isabelle à la cour espagnole de Bruxelles du début du XVIIe siècle jusqu’à sa mort, survenue en 1633. Plusieurs éléments de sa biographie manquent — et en particulier sa date de naissance, que l’on peut situer aux environs de 1575

À la cour de Bruxelles, les collègues organistes de Cornet sont Peter Philips, John Bull, Juan Zacarias et Vizencio Guami; le maître de chapelle est Gery de Ghersem, et le facteur d’orgues de la cour, Matthijs Langhedul. Ces deux derniers avaient passé durant leur formation plusieurs années en Espagne. Il faut rappeler que Peter Paul Rubens est également au service d’Albert et Isabelle à l’époque, non seulement en tant que peintre, mais aussi comme ambassadeur des archiducs auprès de plusieurs cours étrangères.

Le principal collègue de Cornet est Peter Philips (1560-61-1628), qui avait fui l’Angleterre pour des raisons religieuses, et avec qui il avait des relations quasiment familiales (Philips fut le parrain de Angela Maria, troisième fille de l’organiste bruxellois, née en 1614). La tradition veut que Philips ait été l’organiste de l’archiduc, tandis que Cornet était au service particulier de l’archiduchesse Isabelle.

On note dans l’œuvre de Cornet des influences multiples, témoignant du rôle de véritable capitale européenne que jouait déjà Bruxelles à l’époque. C’est ainsi que la Toccata noni Toni (Nielles-les Ardres, plage n°1) et une des Fantasia Ottavit toni (Nielles, plage n°3) sont en relation directe avec la musique italienne, tandis qu’une autre (Fantasia du Ms Christ Church 89 : Nielles, plage n°16) est un véritable Tiento de medio de registro de baxon, dont la parenté avec l’œuvre de Sebastian Aguilera de Heredia est évidente. Les grandes Fantaisies, contemporaines des œuvres de Jan Pieterszoon Sweelinck, répondent à un canon bien précis. Elles se caractérisent par leur polythématisme: non seulement le compositeur construit plusieurs séquences successives sur des motifs différents, mais encore, il introduit une espèce de “contre-sujet” qui n’est pas traité avec une rigueur absolue en contrepartie du sujet principal mais prend toujours son indépendance pour devenir un sujet à part entière. Les sujets sont généralement traités en diminution et en augmentation et subissent souvent des modifications rythmiques. Mais en toutes circonstances, la signature de Cornet réside dans la liberté avec laquelle il traite tous ces éléments constitutifs, et le caractère imprévisible de ses développements. De sorte que le travail thématique, preuve d’une grande maîtrise de l’écriture, débouche sur des œuvres dont le caractère improvisé et virtuose prend toujours le dessus sur la composition formelle.