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Ce programme est né d’un article de Jeanice Brooks. L’auteur y évoque L’Hymne de Charles Cardinal de Lorraine de Ronsard, décrivant le cardinal jouant du luth et les frères Ferrabosco qui « Refont mourir Didon par les vers de Virgile ». Le poète se trouve chez son mécène à Meudon à la fin de l’année 1558 et y entend l’œuvre At trepida. Jeanice Brooks mentionne également des oeuvres sur des textes d’Horace. J’ai donc construit un programme évoquant l’ombre du mécène, trois compositeurs et surtout un regard sur l’Antiquité. J’ai convié : Cléreau, Arcadelt, les Ferrabosco qui pouvaient chanter, jouer ou déclamer. La Pléiade est également convoquée avec Ronsard et le plus rare Rémy Belleau.
J’ai souhaité faire entendre ces pièces polyphoniques dans un cadre du même type que celui de Charles de Lorraine. Afin d’être proche des effectifs musicaux présents chez Charles, j’ai fait appel à quatre chanteurs, quatre violes, un luth et une harpe. Charles n’avait aucun problème pour réunir quatre chanteurs, les Ferrabosco constituaient trois des violes, Charles était lui-même luthiste selon Ronsard et nous savons qu’il avait à son service un harpiste. Dans le souci qui était celui des humanistes d’être au plus proche du texte et de permettre sa compréhension, j’ai parfois fait chanter des parties d’une pièce par une seule voix accompagnée d’instruments alors que j’y utilise le tutti vocal comme un chœur antique qui commente la situation (At trepida et Laissé le verde couleur). J’ai également pris la liberté de faire chanter le même texte deux fois dans Je ne veulx plus que chanter pour le simple plaisir d’entendre ces deux versions, à mon sens également aimables et toutes deux probables chez Charles. Dans ce souci d’un cadre humaniste, le travail sur le texte a été pour moi un guide. C’est pourquoi ce disque présente également des textes qui mettent en perspective ces musiques.