La première impression donnée par les répertoires anglais des XVIe et XVIIe s. est celle d’une grande originalité, apparemment préservée de toute influence étrangère. Les musiciens anglais ne furent pourtant pas totalement isolés de leurs confrères du continent. Des contacts nombreux se nouèrent entre eux, comme en témoignent notamment l’emprunt et l’adoption de formes musicales d’origine étrangère – la pavane et la gaillarde, le madrigal, issus de l’Italie – ; la présence d’instrumentistes étrangers à la Cour d’Angleterre ; la large diffusion des répertoires continentaux au sein des manuscrits et éditions imprimées de l’époque. Cependant l’Angleterre semble n’avoir accueilli les idiomes étrangers qu’avec circonspection. Le style continental dominant d’écriture imitative ne pénétra le territoire qu’à l’extrême fin du XVIe siècle ; les premières innovations du style baroque ne furent adoptées que très progressivement au cours du XVIIe siècle. Aussi la Renaissance anglaise, qui déborde largement sur le XVIIe s., sut préserver un style unique et remarquablement riche, largement reflété par la musique instrumentale, sans aucun doute l’une des plus accomplies de l’époque.