Chopin esquissa, durant son séjour à Vienne, la première des quatre Ballades qui occupent une place essentielle dans son œuvre, la Ballade en sol mineur op. 23, achevée à Paris en 1835.
Débarquant à Paris, Chopin qui apportait dans ses bagages quelques-uns de ses premiers chefs-d’œuvre, rencontra bientôt Liszt, Rossini, Cherubini, et le pianiste Friedrich Kalkbrenner, idole des concerts parisiens, remarquable virtuose qui, selon Antoine Marmontel, avait « au suprême degré la manie du pédantisme en toute chose ». Depuis 1829, Kalkbrenner était associé à Camille Pleyel, successeur de son père Ignace Pleyel, fondateur en 1807 de la manufacture de pianos qui portait son nom. Chopin nourrit une véritable prédilection pour les pianos Pleyel dont il appréciait le timbre argentin, clair et élégant, le toucher souple et délicat. Il possédait deux instruments de Pleyel, un piano à queue et un pianino, petit piano de voyage ou de travail, sur lequel il donnait ses leçons. C’est sur un pianino envoyé de Paris par Pleyel, qu’il composa une partie de ses Préludes lors du sinistre voyage qui, entre 1838 et 1839, le mena à Majorque en compagnie de George Sand. En 1839, Camille Pleyel présenta à l’Exposition des produits de l’industrie un pianino qui, selon le rapport de Félix Savart, était, quoique petit, « extrêmement remarquable par la rondeur, la force et l’égalité des sons ».
Chopin avait croisé les pas de George Sand en 1836, dans le salon de Marie d’Agoult, compagne de Franz Liszt. Leur premier contact se révéla désastreux, le musicien, qui détestait le scandale, ayant trouvé antipathique cette femme aux grands yeux noirs, portant le pantalon et fumant le cigare. Leur liaison n’en dura pas moins neuf ans, tous deux se partageant entre leurs appartements parisiens et la propriété berrichonne de George Sand, à Nohant. Durant l’été 1839 qu’il passa à Nohant, au retour des Baléares, Chopin confia à son ami Julian Fontana, exilé polonais en France : « Je compose ici une sonate en si bémol mineur dans laquelle sera la Marche funèbre que tu connais. Il y a un Allegro ; puis un Scherzo en mi bémol mineur, la Marche et un court finale de trois pages environ. Après la Marche, la main gauche babille unisono avec la main droite. » Écrite dès 1837, la célèbre Marche funèbre est donc venue compléter la sonate achevée en 1839 et publiée l’année suivante. Orchestrée par Henri Reber, la Marche funèbre fut exécutée en l’église de la Madeleine à Paris, le 30 octobre 1849, lors des funérailles de Chopin.
Écrite en 1842, la quatrième Ballade en fa mineur op. 52 commence dans le rêve pour se conclure dans l’enthousiasme. Page pleine d’éloquence, tantôt passionnée, tantôt triste ou suppliante.
En 1833, Chopin eut l’occasion d’entendre le pianiste irlandais John Field, en tournée à Paris. Cet élève de Clémenti est considéré comme le père du nocturne pour piano, et si dans ses Nocturnes, Chopin subit son influence, il apporta au genre une puissance d’invention qu’on ne trouve pas chez son modèle. Les Nocturnes de Chopin sont également liés à sa passion pour le bel canto italien. Ce sont des pages passionnées et délicates, nuancées de tristesse et empreintes de recueillement comme le Nocturne en ut dièse mineur, œuvre de jeunesse composée à l’époque où Chopin quitta la Pologne. Le lyrisme de ce morceau évoque celui du mouvement lent du Concerto en fa mineur. Premier des trois Nocturnes op. 9, dédiés à l’épouse de Camille Pleyel, la pianiste virtuose Marie Pleyel, et écrits entre 1830 et 1831, le Nocturne en si bémol mineur développe des broderies d’arabesques tendres et exaltées sur un accompagnement de figures d’arpèges encore un peu conventionnel.
Chopin laisse deux cycles d’Études, op. 10 et op. 25. Les douze Études de l’op. 25, dédicacées à Marie d’Agoult, datent des années 1832-1836. Pièces de virtuosité, elles n’en sont pas moins parées, en dépit de leur propos pédagogique, d’une intense poésie, car Chopin se montre soucieux de conduire une ligne mélodique au-dessus du problème technique. L’Étude en fa mineur op. 25 n° 2, achevée en janvier 1836, est centrée sur le travail de l’indépendance des mains en superposition de triolets de croches et de triolets de noires.